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20 mars 2025

Les Lichens « conquérants écologiques de l’impossible", avec J. Béguinot

Pour cette deuxième sortie printanière, les lichens ont été à l'honneur. Recherches, observations, commentaires rien n'a manqué pour rendre cet après midi agréable.

Alors que les premières fleurettes commencent seulement à étaler leurs pétales, il est encore temps de concentrer les regards sur une curieuse catégorie de Champignons : les Lichens.


Longtemps considérés comme des plantes à part, les Lichens sont pourtant les seuls champignons qu’on peut vraiment voir « en entier ». Puisque, comme chacun sait (en tous cas à la Barboulotte), de tous les autres champignons on ne voit essentiellement que l’organe reproducteur, disséminateur des spores (qui sont les « graines » des Champignons). Le corps même du champignon restant immergé dans la matière qui le supporte et le nourrit (humus, bois mort voire vivant, etc…). En somme les moins discrets des champignons (les plus exhibitionnistes ?) sont ceux-là même qui, pourtant, sont restés le plus longtemps non reconnus comme tels !!!


Parmi les Champignons qui nous sont familiers, la plupart exploitent la matière organique morte ou encore parasitent la matière encore vivante. D’autres, assez nombreux aussi, ont passé un contrat avec des plantes diverses – tels nombre de ceux qu’on aime inscrire à nos menus (girolle, cèpe et bien d’autres). Ceux là allient leurs filaments discrets (‘mycelium’) aux racines de leurs associés préférés dans le double but (i) d’aider les racines à mieux absorber eau et sels minéraux du sol et (ii), en échange, de pouvoir recevoir une petite partie de la sève élaborée, riche en nutriments, qui redescend des feuilles aux racines. Échange de bons procédés dont chaque partenaire tire son propre profit : du vrai gagnant-gagnant. Cette catégorie de champignons astucieusement bienveillants sont dits « mycorhiziens » - désignation qui souligne l’alliance champi-racine.


Or les Lichens font partie de ce dernier groupe (tout au moins au point de vue fonctionnel) – avec cette notable particularité que le champignon concerné aime tellement son partenaire photosynthétique qu’il l’enserre étroitement entre ses filaments câlins voire musclés. Il s’agit évidemment, ici, de partenaires photosynthétiques absolument minuscules – en fait des algues microscopiques – ce genre de poussière verte qu’on voit parfois verdir la face plus ou moins humide (N-O) des troncs. Là encore, donc, l’algue nourrit le champignon qui, en échange, protège l’algue en absorbant et restituant l’humidité atmosphérique et les rares microparticules nitrées ou phosphorées en suspension dans l’air et qui sont aussi nécessaires aux deux partenaires, et notamment à l’algue.

Authentique et quasi indissoluble contrat de mariage (cependant sans signature au bas d’un parchemin) puisque les deux « convolants » vivent en somme d’amour et d’à peine un peu d’eau fraîche, bref en gros, tout simplement de l’air du temps. Raison pour laquelle on trouve des Lichens sur les substrats les plus insolites et inhospitaliers, y compris rochers et béton nus brûlés de soleil, et même sur les vieux rails abandonnés…

Voilà pourquoi les Lichens méritent, semble-t-il, le qualificatif pompeux de

« conquérants écologiques de l’impossible »


A part ça, comme le couple est super-écolo, ils détestent la pollution atmosphérique. Avec cependant des sensibilités diverses, selon les espèces. Ce qui a permis aux Lichénologues de dresser des échelles pour estimer à moindre frais (et de manière plus ou moins approximative) les niveaux de pollution atmosphérique au sein des moyennes ou grandes villes.

Et comme chez nous, au Creusot, tout le monde (ou presque) est écolo et se déplace à pied ou en vélo, on trouve une bonne richesse en Lichens même en ville (en réalité, surtout grâce à l’urbanisation typiquement creusotine qui cache derrière presque chaque maison un bon petit jardin plus ou moins arboré ; comme tel, propice à maintenir humidité atmosphérique et supports appropriés aux Lichens. (et, incidemment, mode d’urbanisation censé occuper sainement le creusotin auprès de sa famille plutôt que de l’inciter à traîner au bistrot pendant son temps libre – subtil et efficace paternalisme à l’époque de Schneider-ville).

Pour en venir à notre petite balade, le 20 mars 2025, du côté des Combes et notamment aux abords du « Picaudet », nous fûmes une petite dizaine de curieux à découvrir quelques dignes représentants de la flore lichénique locale. Probablement une vingtaine d’espèces (parmi beaucoup d’autres) ont plus particulièrement retenu attention et commentaires. Par exemple, l’omniprésente Parmélie sillonnée (Parmelia sulcata) ; la flashy jaune Xanthorie des parois (Xanthoria parietina) qui vire immédiatement au rouge sombre sous la potasse, ou encore la Physcie étoilée (Physcia stellaris) avec ses jolies fructifications noires se détachant sur le fond gris-perle du thalle. (Voir Photos dans la galerie)


Les goûts et couleurs ne se discutent pas mais les Lichens offrent souvent de beaux effets d’art abstrait sur les mornes surfaces des troncs sombres ou des rochers lisses.


Galerie photo

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