2 sept. 2024
Plusieurs thèmes abordés, une assistance nombreuse, intéressée et participative . Une belle rentrée
Pour cette réunion qui a permis de nous retrouver nombreux dans notre salle après 2 mois d’été, les thèmes abordés ont été multiples. Outre les prochaines manifestations à venir (voir calendrier), trois thèmes ont été abordés : la détermination d’espèces à partir de photos dont certaines ont été proposées par Joelle C. nouvelle venue à la Barboulotte, un historique de la classification des êtres vivants et en particulier des insectes par Patrice N. et enfin une étonnante galle présentée par Jean B
De retour cette année au Creusot : l’étonnante galle « à l’italienne » du gland de chêne
Les galles, malgré leur nom assez mal choisi, figurent parmi les exploits les plus extraordinaires des insectes, en l’occurrence ceux d’entre eux qui excellent dans l’art de manipuler à leur propre profit les plantes qu’ils choisissent comme hôtes pour leur progéniture (voir conférence précédente de juillet).
Certaines galles sont assez discrètes mais beaucoup d’autres sont plutôt voyantes et parfois même fort spectaculaires et intrigantes. Ainsi en est-il de la galle induite sur les glands des chênes par une petite guêpe noire, Andricus quercuscalicis.
Chacun connaît les "glaces à l’italienne", où la crème glacée émerge du cornet en un joli toupet cannelé assez affriolant. Eh bien, justement, la galle induite par cette minuscule bestiole (moins de 3 millimètres !) n’est pas sans évoquer un peu cette friandise. Comme la glace émerge de son cornet, cette galle semble jaillir du gland dont elle est issue, en formant une sorte de curieux toupet cannelé – lequel abrite la progéniture de la guêpe et la nourrira tout au long du développement larvaire. La mère guêpe manipule donc fort habilement la formation du gland, en en dérivant une bonne part pour constituer cet hotel-restaurant, si bien approprié à la survie de la descendance de dame guêpe.
Bref, la petite guêpe impose et le grand chêne s’exécute
Au vrai, ordinairement, il ne lui en coûte guère, tant la glandée est abondante et dépasse en nombre les besoins des micro-guêpes.
En France, cette galle est assez commune et même abondante en certaines régions à hiver suffisamment clément, notamment en région parisienne. Elle apparaît chez nous beaucoup plus exceptionnelle.
On la retrouve cependant en masse cette année au Parc de la Verrerie, comme ce fût déjà le cas une première fois, il y a une bonne demi-douzaine d’années. Entre temps apparemment rien (en fait plus probablement forte raréfaction plutôt que véritable absence).
Belle occasion, donc, de présenter quelques échantillons de ce phénomène « à éclipse »,
lors de notre réunion de rentrée, ce lundi 2 septembre ….
Ce genre de périodicité fortement marquée est chose commune dans le monde animal, et notamment chez les insectes. Si divers facteurs environnementaux peuvent être impliqués, ce type de cyclicité plus ou moins régulière, avec périodicité de 5 et 10 ans, évoque plutôt les oscillations d’abondances générées par le jeu réciproque prédateur-proie. Ainsi, une année d’abondance de la proie favorisera, ensuite, l’abondance des prédateurs et, conséquemment, la raréfaction des proies lors des générations suivantes. Mais, à son tour, la raréfaction des prédateurs deviendra pain béni pour le retour en force progressif des proies et une nouvelle flambée ponctuelle des proies interviendra et conclura le premier cycle. And so on… Et, de fait, les modélisations de ce genre de pas-de-deux entre prédateurs et proies suggèrent des périodicités assez conformes à celles empiriquement observées.
Rendez-vous donc au Parc dans une demi-douzaine d’années. Histoire de vérifier …