Docteur Diégo Buriot
3 oct. 2022
Conférence mensuelle du 3 Octobre 2022 par le Docteur Diégo Buriot, pédiatre, ancien conseiller maladies transmissibles à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le Dr Diego Buriot, expert auprès de l’OMS en matière de maladies infectieuses, a brossé avec beaucoup de brio un bref historique du développement des maladies contagieuses à travers le monde, mettant en évidence le lien étroit existant entre les progrès croissants de la science - et plus précisément le progrès des développements technologiques - et la diffusion des maladies infectieuses. Ce lien étroit est bien entendu ambivalent puisque, d’un autre côté, les progrès scientifiques sont aussi à l’origine des remèdes qui permettent de prévenir, le cas échéant de soigner, et finalement, assez souvent, d’éradiquer nombre de ces maladies.
Les victoires obtenues par la technologie pharmaceutique, depuis Jenner et Pasteur, pour ce qui est de la prévention, sont assez connues, de même que, pour le soin, le rôle décisif des antibiotiques de toutes sortes, même si une crainte va croissante du fait de l’adaptation progressive, en retour, des agents pathogènes aux diverses molécules antibiotiques. Aussi D. Buriot a plutôt insisté sur l’aspect, peut-être moins connu (encore que remis récemment au goût du jour), des développements technologiques fulgurants de ces cinquante dernières années en matière de diffusion rapide et mondiale des infections nouvelles.
L’accélération exponentielle des populations dans le monde (en partie due à ces progrès) et la surexploitation également exponentielle des ressources naturelles, notamment tropicales, ont fortement accru la fréquence et l’intensité des contacts entre hommes et animaux sauvages (cf. par ex. les déforestations massives pour culture des palmiers à huile en Asie du S-E ou encore pour l’extension massive de l’élevage bovin au Brésil). On retrouve là, à l’échelle ++ les premiers développements des maladies infectieuses, dès le début du néolithique, quand l’homme a fortement accru ses contacts avec le monde animal lors des premières domestications d’animaux (à l’origine évidemment sauvages) d’où le développement d’infection dramatiques comme p.ex. la variole. Ou encore quand commençant à ensiler ses récoltes de grains, l’agriculteur néolithique a pris contact direct avec le rat, vecteur de la terrible peste. Voilà donc pour le développement croissant des sources de maladies infectieuses nouvelles pour l’homme.
Quant à leur diffusion, la mondialisation (exponentielle toujours !) des échanges, notamment de produits consommables, l’accroissement non moins impressionnant des voyages intercontinentaux, tant professionnels que plus encore touristiques, a eu les conséquences prévisibles que nous a fait redécouvrir la récente pandémie.
En somme, comme toujours, il y a du bon et du moins bon dans bien des genres d’évolutions – et l’évolution des sciences et techniques n’y échappe pas. En sorte que, du plus ou moins bon usage que nous faisons et ferons des conquêtes technologiques dépend que «le mieux» prime ou non sur «le plus fâcheux».
La médecine fait ce qu’elle peut – reste au patient potentiel de faire le reste en préventif…
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