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Écologie et Esthétique

Jean Béguinot

2 déc. 2024

Écologie et esthétique étaient au menu de la dernière conférence de l’année 2024 : avec, en invités vedettes, les communautés de Papillons hébergées par la forêt tropicale en Thaïlande – forêt primaire ou sélectivement exploitée.

Comme pour la plupart des forêts du même type, tout autour de la ceinture tropicale du Globe, l’exploitation plus ou moins raisonnablement maîtrisée n’est pas sans conséquences induites sur la faune ambiante. Conséquences parfois désastreuses et, dans tous les cas, préoccupantes. Ce qui, au plan scientifique, justifie la réalisation d’inventaires de biodiversité comparatifs pour caractériser et pouvoir ainsi comparer entre-elles les pratiques de bucheronnage demeurant encore à peu près « acceptables ». Et ce, en vue de promouvoir - de façon argumentée - celles d’entre elles qui apparaissent les plus recommandables, vis-à-vis des différentes communautés animales hébergées - tant au niveau de la conservation de leur richesse en espèces que s’agissant de leur fonctionnement interne, lui-même décisif quant au maintien de leur stabilité à court ou moyen termes.

Toutefois, l’exceptionnelle richesse en espèces des communautés de Papillons au sein des forêts tropicales et, corrélativement, la proportion importante d’espèces n’y figurant qu’en très faibles abondances, ne permettent en pratique que la réalisation d’inventaires partiels. Et, de plus, rend virtuellement impossible d’acquérir, à partir des seules observations de terrain, une compréhension, ne serait-ce que globale, du fonctionnement interne de ces communautés si riches.

Heureusement, la mise au point récente de méthode rationnelle (mathématiquement fondée) d’extrapolation numérique des échantillonnages incomplets permet, désormais, de palier ces insuffisances et d’obtenir des estimations suffisamment fiables, non seulement (i) du nombre des espèces non détectées lors de l’inventaire partiel, mais encore (ii) des abondances respectives de chacune d’elles. Permettant ainsi d’estimer, à biais minimal, la richesse en espèces "vraie" des communautés inventoriées. Et même, ensuite, et sur la seule base de l’inventaire ainsi complété numériquement, d’aborder indirectement la question du fonctionnement interne de la communauté, tout au moins dans ses grandes lignes. En inférant plus précisément, et de manière quantitative, les contributions respectives à la différentiation des abondances des espèces au sein de la communauté :

(i) d’une part, de la balance (déterministe et liée au milieu communautaire) entre compétition et prédation ‘densité-dépendante’ (la première différenciant les abondances, la seconde, au contraire, tendant à émonder les différenciations) ;

(ii) d’autre part, le rôle (cette fois stochastique c.-à-d. où le hasard devient déterminant) du contexte extérieur à la communauté, contexte "spatio-temporel" via notamment les phénomènes de dispersion-colonisation des espèces affectant la communauté et remontant à plus ou moins grandes distances à la fois dans l’espace et dans le temps (évidemment passé).

Toutes informations donc essentielles pour ceux qui, engagés dans la conservation de la biodiversité, sont par ailleurs en mesure d’influer (à partir de bases argumentées) en faveur des méthodes d’exploitations « douces » de ces écosystèmes forestiers patrimoniaux.

Ceci dit, argumenter c’est aussi tenter de séduire par la valeur esthétique de ce merveilleux patrimoine ! Aspect que nos Sociétaires eux aussi attendaient évidemment avec plus d’avidité que les considérants ci-dessus, trop longuement développés !

Et les Lépidoptères s’étaient justement mis sur leur « trente et un » pour l’occasion – comme en témoignent ces quelques photos, prélevées parmi la bonne centaine présentées.



Delias hyparete

Troides aecus


Polyura athamus

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