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Quand on attrapait les mouches avec du vinaigre…

Patrice Notteghem

8 avr. 2024

De la « légitime défense » à l’éradication des insectes

Limiter l’abondance des insectes et en particulier des « mouches » pour réduire leurs dommages, au sein de l’espace domestique comme dans les lieux publics, les commerces ou les hôpitaux, dans les potagers des particuliers puis les champs et les vergers, est un combat qui a dû débuter très tôt, avec la sédentarisation le l’espèce humaine, l’élevage, le stockage des denrées alimentaires et le développement urbain. Longtemps on se contenta de l’usage du chasse-mouche et ce n’est qu’au milieu du 19e siècle qu’apparaissent les premiers ustensiles destinés à capturer et détruire les « mouches ».

L’histoire des dispositifs techniques conçus pour lutter contre les « mouches », notamment les « pièges à mouches », et celle de leurs premiers usages, éclairent l’évolution des relations entre notre espèce et les insectes en général, les « mouches » en particulier (mais lesquelles ?), des années 1850 à nos jours. On peut notamment en suivre les étapes en s’intéressant à l’invention des pièges et des autres moyens de lutte, accessible grâce aux brevets déposés par leurs concepteurs, à leur fabrication (industrielle ou individuelle), à leur commercialisation, aux contextes de leur diffusion, ou à la diversification des espèces ciblées.

Cette histoire débute avec des pièges passifs, fondés sur des observations naturalistes élémentaires et des principes techniques d’abords extrêmement simples, puis des pièges mécaniques, parfois complexes sans pour autant être plus efficaces. Elle se prolonge aujourd’hui, d’une part avec le maintien de l’usage de pièges domestiques très inspirés de modèles anciens, largement diffusés, davantage employés pour détruire les guêpes que les mouches, et d’autre part avec le recours à très grande échelle, notamment dans les espaces de production agricole ou forestière, comme dans les espaces urbains ou de villégiature, à de substances toxiques pour les insectes, produites par l’industrie chimique.

Les insecticides visant l’éradication de certaines espèces affectent, outre leurs cibles, l’ensemble des insectes mais aussi la faune en général, directement ou à travers les chaines alimentaires (sujet largement documenté). Ceci mériterait une évaluation des bénéfices-risques prenant localement et globalement en compte, sur le long terme, les domaines sanitaires, écologiques et économiques. Directement perceptible par tout un chacun et largement démontrée par la recherche, la raréfaction drastique de très nombreux groupes d’insectes, les pollinisateurs notamment, ou celle des oiseaux des milieux ouverts appellent à refonder le model agricole prônant le recours à ces pratiques à l’évidence non durables.


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