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Le spectaculaire retour de la Grue cendrée.

Patrice Notteghem

5 févr. 2024

Succès de la protection ou trompe-l’œil ?

Chaque automne et chaque début d’année, en vols groupés parfois spectaculaires, des Grues cendrées survolent notre département lors de leurs migrations vers leurs sites d’hivernage ou en direction de leurs sites de nidification dans le nord de l’Europe.

Il y a 50 ans, alors quatre fois moins abondante qu’aujourd’hui, l’espèce était considérée comme en déclin. Elle bénéficia progressivement d’une protection légale totale dans toute l’Europe, en 1976 pour la France.

Ceci explique l’amélioration de son statut observable notamment dans ses effectifs hivernants croissants et dans la reconquête de régions où elle ne nichait plus depuis le XIXe siècle. Elle compte maintenant au rang des espèces nicheuses régulières en France, mais en très petits effectifs.

Dans le val de Loire bourguignon, plusieurs milliers d’individus hivernent chaque année offrant aux passionnés de nature et d’oiseaux un exceptionnel et magnifique spectacle visuel et sonore, une rare expression de l’abondance.

Ce succès de la protection totale ayant permis de reconstituer pour partie les effectifs de cette espèce est indéniable. C’est le cas pour d’autres espèces de grande taille, oiseaux ou mammifères, souvent plus discrètes que la Grue cendrée, mais est-ce là le signe d’une amélioration globale de l’état la biodiversité ?

A l’évidence, non. Si la Grue cendrée a effectivement bénéficié de sa protection légale, la présence en grand nombre lors dans de l’hivernage tient par ailleurs à deux facteurs, d’une part au développement considérable de la culture industrielle du maïs, d’autre par aux hivers doux, une des expressions des changements climatiques. Concernant la culture du maïs, qui a recours à l’arrosage en puisant dans les nappes phréatiques (celle de la Loire notamment) et à des intrants en grande quantité (engrais et pesticides), il est évident que ce type de pratiques agricoles nuisent drastiquement à la biodiversité, localement et bien au delà de leur mise en œuvre.

Ont d’abord été présentés la biologie de l’espèce, ses habitats, ses comportements en période de nidification, lors de ses migrations ou au cours de l’hivernage, l’évolution de ses effectifs et de son aire de distribution, cette conférence très largement illustrée de superbes photos réalisées par des naturalistes du département (Marcel Dumas et Daniel Magnin).

Au delà du plaisir qu’offre l’observation des troupes de grues en migration ou en hivernage chez nous, on peut s’inquiéter : à l’image de l’arbre (remarquable) qui cache (l’état inquiétant de) la forêt, la spectaculaire amélioration du statut de la Grue cendrée en Europe cache la raréfaction dramatique de très nombreuses espèces d’oiseaux de petit taille, encore très abondantes il y a quelques décennies, manifestation de l’effondrement de la biodiversité prétendue ordinaire ayant cause première les pratiques en cours de l’agriculture industrielle comme l’ont montré de manière incontestable les études alarmantes publiées ces dernières années…

Pour suivre la migration prénuptiale en cours voir :

https://champagne-ardenne.lpo.fr/grue-cendree/migration-et-hivernage/la-migration-des-grues-cendrees-au-jour-le-jour


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