Patrice Notteghem
1 sept. 2021
"La biodiversité entre spontanéité et emprise", conférence du 1er septembre 2021, par Patrice Notteghem.
Depuis des dizaines de milliers d’années et même bien davantage, l’espèce humaine entretient des relations fort diverses avec les autres espèces végétales et animales de son environnement (prélèvement, contrôle, coopération, sélection…). En outre, comme d’autres, mais plus que d’autres, notre espèce façonne son environnement en intervenant, intentionnellement ou non, sur les processus naturels et en aménageant physiquement ses milieux de vie.
On considère souvent qu’il est possible de définir des « degrés de nature » entre les milieux les moins affectés par les activités humaines, les plus spontanés, et ceux les plus marqués par son emprise. Mais c’est là un point de vue simpliste, comme le montrent certains milieux qui, bien que conçus par notre espèce, façonnés de sa main et par là fort éloignés de la nature sauvage, de la naturalité, présentent pourtant une biodiversité remarquable ; par le nombre des espèces, leur abondance ou la présence de formes rares ou très spécialisées. C’est le cas par exemple de forêts exploitées, de secteurs d’étangs ou de bocages parmi d’autres espaces voués à la production agricole comme et des pratiques d’élevage qui contrastent fortement avec d’autres milieux soumis à une simplification outrancière ou une artificialisation poussée.
Le thème est introduit avec un petit conte naturaliste évoquant une rivière, l’évolution de ses usages et celle de ses hôtes. Puis, en s’appuyant sur des exemples qui nous sont proches, est abordée la diversité des relations que nous entretenons avec les autres espèces et les milieux de vie que nous partageons. Le changement de perspective proposé permet de comprendre et débattre de l’intérêt de deux options vis à vis des milieux dont nous dépendons, contrastées mais toutes deux justifiables : gérer les espaces avec finesse, au bénéfice réciproque de services rendus par la biodiversité et de la préservation de celle-ci, ou favoriser la libre évolution des milieux qui souvent font preuve d’une surprenante résilience. Deux options qu’il convient sans doute de ne pas opposer.