Pierre Kasprzyck
2 oct. 2023
Glanures estivales (suite)
Située sur les communes de Macornay et de Lons le Saulnier en situation péri urbaine, la réserve naturelle régionale de la Côte de Mancy a été créée le 12 Février 2010. Sur 49 ha, entre 280m et 418m d’altitude, c’est une mosaïque de pelouses sèches :
-pelouses pionnières sur dalles rocheuses(au substrat très pauvre et superficiel),
-pelouses mésoxérophiles (plutôt sèches),
-pelouses acidiclines (assez acides),
-pelouses à Sermontain (où pousse une plante assez rare qu’est le Sermontain , une ombellifère de la famille des Lasers )
-et pelouses marnicoles (où les conditions sont plus humides).
On y trouve aussi des falaises et éboulis, des milieux arbustifs, des pentes à Buis, ainsi qu’une forêt dominée par les chênes et les charmes et quelques pins Laricio et des Douglas.
HISTORIQUE : Depuis 3 siècles, les troupeaux et bergers sillonnaient la côte de Mancy entourée de vignobles ; puis au 19 éme, les bovins sont présents. On y ouvre une carrière de « petit granit » qui est un calcaire à crinoïdes exploitée jusqu’au début du 20émé siècle.
La Côte de Mancy a été fréquentée par des naturalistes de renom :
- Narcisse Théophile Patouillard ( 1854- 1926)
C’est un des plus grand mycologues français de renommée internationale, l’un des 15 fondateurs de la société mycologique de France (1884) qu’il préside (1891-1892) avant d’en être élu président honoraire.
Son œuvre est considérable : près de 250 publications, plus de 3 000 aquarelles conservées au
Muséum d’Histoire naturelle de Paris, un herbier acquis par l’Université de Harvard. Il élabore une taxonomie basée sur les caractères microscopiques des cystides, des basides et des spores qui donne lieu à la publication de 1883 à 1889 des 7 fascicules de son ouvrage :Tabulae analyticae fungorum : descriptions et analyses microscopiques des champignons nouveaux, rares ou critiques.
Un genre lui fut dédié : le Patouillardiella, ainsi que 50 taxons ; le plus célèbre est le vénéneux Inocybe de Patouillard.
- Léon Miller (1865-1934)
Géologue, botaniste, dessinateur et illustrateur de la Grande Flore de Gaston Bonnier .
- Henri Leleux ( 1901- 1985)
Ingénieur du génie et de l’armement et entomologiste
Il découvre que le site est un exceptionnel biotope pour les Lépidoptères, le plus xérothermique de Franche-Comté. Il est à l’origine de la protection de la Côte de Mancy et de son sentier de découverte. Sa collection de Lépidoptères est archivée à Strasbourg.
- Pierre Réal (1922- 2009)
Naturaliste alliant botanique et entomologie, il aida H. Leleux à publier le catalogue des Lépidoptères de Lons le Saulnier.
EVOLUTION DU SITE AU SIECLE DERNIER : de site pâturé entouré de vignes, il devient une réserve naturelle régionale gérée par le CEN de Franche-Comté et Jura-Nature Environnement
La gestion vise la reconquête des secteurs enfrichés , par des opérations manuelles et mécaniques de
débroussaillage depuis 2013 et la remise en place de pratiques de pâturage : le pâturage hivernal par des chevaux Koniks polski depuis 1999 complété par un pâturage estival par des moutons depuis 2016 .
L’évolution et les modes de gestion ont une incidence sur la richesse en entomofaune :
L’inventaire réalisé en 1977 par Leleux et Réal montre :
649 espèces de Lépidoptères, 45 familles dont 97 Rhopalocères.
Seule 70 espèces de Rhopalocères ont été retrouvées en 2010. Les espèces manquantes sont les plus spécialistes de milieux secs, herbacés et ras, victimes de l’enfrichement.
Une autre réserve naturelle proche: LA GROTTE DE LA GRAVELLE.
Cette cavité naturelle a servi depuis des décennies de refuge aux chiroptères : 14 espèces de Chauves-Souris dont le minioptère de Schreibers en limite Nord de répartition, le petit et le Grand Murin qui y viennent pour la mise bas estivale.
Voici quelques observations faites le 20 Août 2023 :
