Patrice Notteghem
6 janv. 2025
Aujourd’hui on considère que par l'aménageant de ses milieux de vie, le Castor tient le rôle d’allié des humains en régénérant puis en maintenant la diversité des fonctionnalités des cours d’eau. Les dommages qu’il occasionne parfois sont à mettre en regard des effets très positives de sa présence, en recherchant les moyens d’une alliance à bénéfices réciproques.
Alors que le Castor d'Eurasie avait disparu de nombreux pays, il fut sauvé par sa protection légale, notamment en France où ne subsistait qu'une très petite population dans les affluents du Rhône méridional. La progression des effectifs qui en découla permit des essais de réintroduction. Il y a tout juste 50 années quelques spécimens furent notamment installés sur la Loire à Blois. C’est à la réussite de cette opération que l’on doit le retour de l’espèce dans la quasi totalité du Bassin de la Loire. Le couloir rhodanien est par ailleurs progressivement reconquis. Ce double mouvement fait de la Bourgogne un des territoires dont la quasi totalité des cours d’eau est en passe d’héberger l’espèce (hormis ceux du bassin de la Seine encore très peu concerné) .
Bien qu’il s’agisse du plus gros rongeur de l’hémisphère nord (avec son cousin nord-américain qui lui aussi bénéficie de programmes de réintroduction aux Etats-Unis et au Canada), c’est une espèce discrète qu'on l'observe rarement. Le plus souvent on remarque seulement des indices de sa présence : fines tiges coupées et écorcées de saule, une de ses essences préférées, arbres abattus, branches trainées jusque dans l’eau, parfois de petits barrages…
Son installation sur de rares ruisseaux forestiers, en Saône-et-Loire-et-Loire et dans la Nièvre, éclaire ses relations aux différentes essences et questionne certains de ses comportements. Sur quelques sites, on peut observer ses capacités à façonner le milieu en construisant des barrages et en creusant des canaux. Plus ses capacités sont décrites, moins il se distingue de l’espèce américaine, pourtant bien différente génétiquement.
Aujourd’hui on considère qu'en façonnant leurs milieux de vie à leur avantage, les deux espèces tiennent le rôle d’alliés des humains en maintenant ou en régénérant les caractéristiques de cours d’eau plus à même d'amortir les crues, moins vulnérables aux étiages, favorables à la biodiversité aquatique et à celles des espaces riverains.
Bien sûr le retour du Castor provoque ici ou là quelques dommages, qu’il faut mettre en regard des retombées très positives de sa présence en recherchant les moyens d’une utile cohabitation et d’une alliance à bénéfices réciproques.
Photos Daniel Magnin